Tennis et concentration, comment rester focus et éviter de réfléchir
Au tennis, on est seul sur le terrain, le match dure souvent plus d’une heure, les coupures sont nombreuses et laissent beaucoup de place pour les pensées parasites : le score, le prochain point / set, la peur de la faute, le point facile que j’ai raté, l’adversaire ou le spectateur pénible, une ou deux balles litigieuses etc.
Travailler son mental est donc capital dans ce sport, surtout pour la compétition. Cet article fait un focus tout particulier sur la concentration avec un passage en revue de méthodes simples et accessibles à tous.
La concentration, comment ça marche ?
Qui n’a jamais entendu le conseil d’un ami, d’un parent, de son entraîneur “concentre toi si tu veux gagner !”. Tout le monde en parle mais personne ne sait comment cela fonctionne. Surtout, personne ne sait expliquer comment faire pour être concentré !
Terrible constat ! Pourtant ce n’est pas une fatalité.
Pour bien comprendre comment ça marche, il faut aborder deux autres concepts : la conscience et l’apprentissage
La conscience, ce trouble fête
Si on parle d’un point de vue neuroscience (en résumant énormément !), il y a tout une partie du cerveau qui fonctionne en autonomie, ce que l’on appelle souvent les parties inconscientes. De l’autre côté, il y a l’esprit qui pense, qui se parle à lui même, appelée la partie “consciente”.
Si on fait une parenthèse ludique, vous pourrez vous apercevoir que l’inconscient est capable de faire beaucoup de tâches en même temps (et en toute autonomie !) alors que le conscient n’est capable de faire qu’une tâche ou deux à la fois.
Le parfait exemple peut se trouver dans le tennis. Quand on maîtrise la technique, on est capable de faire plein de choses en même temps, sans les conscientiser pour la plupart :
- le placement
- l’équilibre
- tenir sa raquette
- le geste et les mouvements du corps : main, buste, épaules, jambes, hanches
- la focalisation sur les trajectoires et sur le filet
- observer la position de l’adversaire
A l’opposé, l’incompétence du conscient à faire du multi-tâche est aussi simple à expérimenter.
Par exemple, essayez de faire en même temps des tâches non automatisables :
- dessiner dans le vide un cercle parfait et repasser dedans à chaque fois
- + avec l’autre main, même chose avec un carré
- + pour les plus résistants, essayez de décompter à partir de 100 en même temps
Vous allez vite saturé !
Ces deux exemples nous connectent directement aux phases de l’apprentissage.
Les paliers d’apprentissage
Le processus d’apprentissage peut se résumer par ces différentes étapes :
- on est conscient d’être incompétent donc on se forme
- on découpe le mouvement, on apprend consciemment phase par phase : on devient petit à petit consciemment compétent
- à force de répétition, le cerveau automatise : on devient inconsciemment compétent
Au final, la maîtrise d’une technique ou d’un mouvement se résume en partie par la répétition qui fait que notre corps, notre inconscient savent le faire sans qu’on s’en mêle. On le conscientise de moins en moins.
Donc quelque part, lorsqu’on a un niveau de maîtrise technique important, il suffirait de laisser son inconscient jouer les coups à notre place. En d’autres termes, il suffirait que la pensée consciente foute la paix au corps 🙂
Et en plus, ça vous éviterait de cogiter et de stresser avant un match… On a tous déjà expérimenté le fait de trop réfléchir et de venir perturber notre geste, qu’on sait habituellement faire de manière totalement naturelle et automatique (syndrome du “petit bras”). Heureusement que notre conscient n’a pas accès au système immunitaire, sinon on mettrait un beau bordel !!!
Du coup, une des clés se trouve dans le fait de se débarrasser des pensées parasites, de vider notre tête de tout ce qui n’a pas d’utilité à un instant donné.
==> But ultime de la concentration : avoir la tête au calme et laisser faire le corps (et arrêter de péter sa raquette ?)
Vouloir être concentré tout le temps, une erreur ?
Comme dans d’autres sports, on voudrait jouer un jeu sans faute, sans erreur et on adorerait être tout le temps concentré pour gagner chaque point sur le terrain. Je pense que c’est une erreur de ne pas s’autoriser à faire des erreurs !
Le but du jeu est d’obtenir la victoire face aux joueurs adverses, gagner tous les points est inutile. Il est très difficile de rester concentré pendant tout un match. Donc je pense que la clé est de savoir se concentrer sur demande, pour les moments importants, les points importants, les jeux décisifs.
Ce qui vous autorisera à faire quelques coups médiocres sans conséquence sur le résultat final.
Lorsqu’on regarde les grands joueurs, ils ont tous des hauts et des bas. Mais les meilleurs ont tous cette capacité à bien servir, à bien jouer lorsque c’est important.
Comment faire pour se concentrer : les meilleurs techniques
Ce dernier chapitre vous donne des pistes pour savoir “comment faire”. Ci-dessous, quelques exemples qui permettent de se concentrer sur demande après quelques heures d’entraînement.
Chaque techniques a ses avantages. Testez pour faire votre choix :
- la vision périphérique qui permet de couper les pensées, se débarrasser de la voix intérieure et de se connecter à son instinct
- la technique de la langue immobile qui créé un calme intérieur étonnant et coupe les émotions
- la focalisation, qui permet de centrer sa pensée sur une seule chose (par exemple la balle), ce qui évite de se prendre la tête avec des éléments perturbants (le score, un spectateur qui fait du bruit, le vent, le revêtement imparfait, une douleur etc.)
- les techniques de respiration, qui permettent un travail sur les émotions
Au travail les amis !! A vous de tester et de trouver ce qui vous convient le mieux, en fonction de votre caractère. Il est possible également d’en combiner plusieurs.
Il y a un livre très intéressant qui s’appelle “zéro mental” et qui consacre une centaine de pages à des techniques pour couper les pensées (voir le livre sur amazon)
Avoir un mental, ça s’apprend et ça s’entraîne !
Toutes ces techniques de préparation mentale se travaillent à la maison et à l’entraînement pour être opérationnel rapidement en matchs amicaux puis en compétition. Une partie peut s’apprendre en autonomie, il faut parfois faire appel à un coach mental spécialiste du tennis pour aller plus loin et se créer des routines, savoir gérer ses émotions en compétition, maintenir sa motivation etc.